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Aussi vieille que la littérature, elle est souvent vue comme son parent pauvre.
Remise au goût du jour par des auteurs comme Philippe Delerm ou Régis Jauffret dont le projet était de « mettre une vie entière dans un dé à coudre. »
Twitter et le microblogging ont permis l’essor d’une nouvelle génération parmi laquelle on compte Ketty Steward, Jacques Fuentealba, Karim Berrouka, Olivier Gechter ou Vincent Bastin.
À titre personnel, je considère la micro-nouvelle comme un exercice d’écriture au même titre qu’un pianiste fait ses gammes ; une manière d’entretenir l’habitude d’écrire même quand on n’a rien de «sérieux» à écrire.
En outre, c’est un excellent moyen de confronter une idée d’histoire avant de tenter de la développer sous la forme d’un récit plus dense.
La pratique de la micro-fiction est très populaire dans les pays anglo-saxons et en Espagne, où elle est codifiée. On y organise même des matches d’écriture sur le même principe que les matches d’improvisation.
| Type de texte | Nombre de signes | Nombre de mots |
|---|---|---|
| « Twittérature » | Entre 140 et 280 | — |
| Micro-nouvelle | Jusqu’à 1000 | — |
| Nouvelle | De 1000 à 90.000 | De 150 à 15.000 |
| Novella | De 90.000 à 180.000 | De 15.000 à 30.000 |
| Roman court | De 180.000 à 300.000 | De 30.000 à 50.000 |
| Roman | De 300.000 à 480.000 | De 50.000 à 80.000 |
| Roman long | De 480.000 à 660.000 | De 80.000 à 110.000 |
| Jerusalem d’Alan Moore | Environs 3.600.000 | Environs 600.000 |
Ces données sont très approximatives, à titre d’information. Les nombres de signes sont donnés avec les espaces comprises
La micro-fiction est codifiée dans les pays anglo-saxons et en Espagne ou elle est très pratiquée, au point qu’on y organise des matches d’écritures de micro-fiction, à l’instar des matches d’improvisations. Voici un petit exemple des formats existants :
Dans le cadre de la Scribulerie, je considère qu’une taille moyenne de micro-nouvelle se situe entre une demi-page de feuillet A5 et une page recto-verso de feuillet 45. En moyenne, selon le type d’écriture de chacun, cela peut donner un texte compris entre 300 et 2400 signes (espaces comprises).
Voici le plus célèbre des Hemingways, par l’auteur ayant donné son nom à la formule :
For Sale, Baby Shoes, Never Worn.
(À vendre : souliers de bébé, jamais portés.)
Ernest Hemingway
Une erreur classique lorsqu’on se lance dans l’écriture est de partir du début de son histoire. Cela semble paradoxal, mais c’est un piège qui peut conduire à ruiner des heures, voire des jours de travail.
Démarrer l’écriture d’un récit parce qu’on a trouvé un chouette prétexte, une idée d’intrigue palpitante ou de sacrés personnages est toujours tentant, mais il vous manque pourtant l’essentiel : comment l’histoire va-t-elle se terminer ?
Alors, avant de noircir des pages de texte, attendez de savoir où votre histoire se dirige. Ensuite, vous n’aurez plus qu’à détricoter votre narration pour trouver son point de départ.
Bien que ce ne soit pas fondamentalement vrai, et –comme toute règle– c’est à appliquer dans le bon sens comme c’est à contourner avec astuce. Néanmoins, dans le cadre d’un récit très court, il est quasiment impossible de commencer à écrire sans savoir déjà la chute de votre histoire.
Quand vous devez raconter une histoire qui tient (presque) sur un ticket de métro, il faut économiser beaucoup de choses. Et, notamment, il vous sera difficile d’inventer un monde inédit, des personnages nouveaux aux biographies élaborées, des monstres et créatures fantastiques, etc.
Dans ce cas, n’hésitez pas à puiser sans vergogne dans ce qui vous entoure ; l’actualité, la culture commune, populaire, les romans, les films, les séries, les jeux vidéos…
Vous désirez raconter une bataille spatiale ? Puisez dans Star Wars, Star Trek, Galactica, The Expanse…
Vous avez besoins d’un sorcier classique ? Gandalf ou Mandrake sont là. Plus modernes ? Harry Potter ou Docteur Strange à votre service…
La micro-nouvelle s’adapte à beaucoup de formes différentes. Outre le récit narratif classique, vous pouvez par exemple écrire :
Le plan diabolique du savant fou échoua lamentablement. Son projet de répandre un gaz débilisant fut pourtant un grand succès, mais lorsque la planète entière devint folle, il s’aperçut qu’il était devenu un quidam parfaitement normal parmi les autres.
9 octobre 1192 : Richard Cœur de Lion rembarque pour l’Angleterre mettant fin à la troisième croisade. Il ne ramène que quelques babioles en souvenir, notamment un plateau de petits récipients d’épices achetées au dernier moment au souk, quelques heures avant l’embarquement, « sinon je vais encore me faire crier dessus que je pense pas à elle », aurait-il confié à l’un de ses chambellans.
Il semblerait que le cadeau n’ait pas eu l’effet escompté, surtout parce qu’à son arrivée il a eu à régler quelques soucis d’ordres domestiques avec un nobliau qui s’est pris pour un justicier et un autre pour un shérif.
« Et dire que c’est moi qu’on accuse d’aller manger du haschisch chez le sarrasin. Je ne sais pas à quoi ils tournent ici, mais c’est fort… », aurait-il encore dit.
Grâce au distordeur d’horizon évènementiel à flux quantique qu’il venait de mettre au point, John, fasciné, pu sans danger admirer la création de l’Univers.
Il ne pouvait s’empêcher de penser que sa fille de 5 ans dessinait mieux que ça.
Je ne comprend pas le rapport entre l’auteur de l’Étranger et cette spécialité fromagère ailée et persillée, mais c’est vachement bon, la cervelle de Camus…
C’est la nuit de Noël. Tout est blanc, brillant, scintillant. Le temps semble suspendu. Rien ne bouge autour du chalet rouge. Derrière, aucun vent n’anime les branches des trois sapin d’un vert vif. Le brouillard glauque masque le reste du paysage.
Soudain la terre tremble, un maelström met tout sens dessus dessous !
Et puis à nouveau le calme, à nouveau plus rien ne bouge. Sauf la neige qui tombe doucement maintenant.
C’est en permanence la nuit de Noël lorsqu’on habite un globe de neige.
La micro-nouvelle se prête très facilement à un exercice d’écriture intéressant et –souvent– gratifiant ; la série. Il est très courant de se donner un thème (par exemple ; le savant fou, le western, le space-opera…) et d’y décliner à l’envi autant de micro-nouvelles possibles.
Deux exemples auxquels j’ai participé :
Voici quelques jeux d’écriture de fictions courtes que vous pouvez aller consulter ou même participer :
Les HebdoCubes — Jeu d’écriture basé sur des dés à pictogrammes, sur Twitter & Mastodon Le Writever de Ketty Steward — 1 mot = 1 jour = 1 micro-fiction Les OuLiMots — Jeux d’écritures à contraintes multiples Le Jeu de la Micro-Nouvelle — Une image postée par jour, une micro-nouvelle qui s’en inspire (Twitter)
Il en existe sans doute bien plus…
Malgré une légende urbaine tenace, il n’est pas l’inventeur de ce format.↩︎