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Séance n°35 – 11 novembre 2023
Chaque participant propose une liste de 5 mots qui chacun lui évoquent une sensation. On fait tourner les listes. Les participants doivent ensuite écrire une histoire en utilisant au moins 3 sensations qu’ils devinent derrière les mots de leur liste.
Vincent a reçu de la part de Timothy : « Immobilité, café, galop, cliquetis, serrure »
Les premières tâches grises commencent à sourdre à travers les persiennes. Dans la cuisine, un gargouillis accompagne la belle odeur aux riches arômes grillés. Je soupire d’aise en m’étirant. Je glisse hors du lit et m’installe devant l’ordinateur après avoir fait un crochet par la cuisine. Le mug fume, formant un minuscule effet spécial devant mon écran. J’ouvre mon traitement de texte sur le dernier document de travail. Le texte s’intitule :
« Journal de voyages à travers la Mediterranée »
Un comble, pour moi qui ne suis jamais sorti de chez moi.
Vincent Corlaix
On tire cinq cartes sujets (une par catégorie) et une carte de fin d’histoire du jeu « Il était une fois ». Ensuite, on écrit une courte histoire mettant en scène au moins trois de ces éléments et dont la fin est celle donné sur la carte.
La jeune, gentille, mais très vilaine Cunégonde vivait avec ses parents dans une misérable chaumière à l’orée de la forêt, frontière du royaume.
Un jour, le roi organisa une grande fête à laquelle toutes les jeunes filles du royaume furent conviées pour être présentées au prince, avec l’espoir que ce dernier choisisse sa future épousée.
Naturellement, laide comme un troll des cavernes, Cunégonde n’eut, de la part du prince, qu’un haussement de sourcil dédaigneux et distant. Ses parents furent si désappointés –eux qui comptaient sur leur fille pour s’extraire enfin de la misère– qu’une vive mise au point prit place à son retour. La dispute entre les parents et la pauvre fille se conclut par son irrévocable mise à la porte.
Dès lors, la vilaine Cunégonde survit de mendicité et de rapine. Des années plus tard, le hasard de ses errances la fit revenir auprès de la fermette familiale. Curieuse, elle s’en approcha et espionna l’intérieur par une fenêtre.
Elle y découvrit ses parents heureux, épanouis et –il lui sembla– très amoureux. N’osant rien faire, elle les observa un long moment, se donnant ainsi l’impression qu’elle était à nouveau réunie avec sa famille.
Cartes tirées par Vincent
Vincent Corlaix
Un participant va choisir un livre dans les rayonnages de la librairie. On ouvre une page au hasard et choisit un passage. Les participants doivent s’en servir comme point de départ, passage, ou chute de leur texte.
Extrait de « Le phare au corbeau » de Rozenn Illiano, éd. Gallimard :
— Tu ne vas pas chercher des jouets dans ta chambre ? Tu m’as dit tout à l’heure que tu voulais récupérer ton lapin en peluche.
Ambre secoue la tête. Puis elle s’éloigne pour s’asseoir sur la balançoire. (page 155)
L’homme à l’allure trompeusement fragile domine de sa taille la fillette qui refuse de croiser son regard. Sa mine boudeuse parle plus que les mots dont elle est redoutablement avare. L’adulte fronce les sourcils, les mains sur les hanches.
— Je pensais pouvoir compter sur toi. Nous étions d’accord d’y aller aujourd’hui. Tu sais à quel point c’est long à préparer. Et là, tu es venue les mains dans les poches.
Ambre fronce son petit nez avant de murmurer :
— Je suis prête.
— Tu ne vas pas chercher des jouets dans ta chambre ? Tu m’as dit tout à l’heure que tu voulais récupérer ton lapin en peluche.
Ambre secoue la tête. Puis elle s’éloigne pour s’asseoir sur la balançoire.
La gamine finit par rétorquer, laconique :
— J’ai pas besoin du lapin. J’ai acheté des grenades à fragmentation. C’est plus rigolo. Et mes jouets, ils sont déjà dans le camion. Même les roquettes.
Tandis qu’Ambre saute de la balançoire et cours vers le véhicule garé un peu plus loin, l’homme soupire en se passant une main dans les cheveux.
« Braquer des banques avec sa fille, se dit-il. C’est vraiment pas une sinécure… »
Vincent Corlaix
