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Séance n°36

Séance n°36 – 16 novembre 2023Séance n°36 – 16 novembre 2023

Jeu n°1 —

On compose un texte constitué de trois paragraphes. Les deux phrases qui articulent ces paragraphes sont données. Chacun écrit une première partie, puis donne, texte caché sa feuille à un autre participant. Sur celle qu’on a reçue, on écrit la deuxième partie, et on recommence les échanges, jusqu’à ce qu’on ait complété le troisième paragraphe. Les deux phrases en italique sont celles imposées pour cet exercice.

Les textes :

— Femme au volant…
— Finis cette phrase, et elle va devenir vraie !
Il ferma enfin sa gueule, et elle put se concentrer sur la route. À la base, ils allaient chez leurs grands-parents. Ils étaient maintenant bien paumés, et elle finit par s’arrêter pour regarder où ils étaient sur le GPS. Ça indiquait la maison de leurs grands-parents.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Des couleurs majestueuses, la lumière éclatante. Ils avaient l’impression de vivre un rêve éveillé. Des colonnes d’une eau turquoise jaillissaient de part et d’autre d’une structure semblable à du cristal, un jardin luxuriant composé de plantes exotiques inconnues, le chemin pavé menant à cette splendide demeure semblait composé de pierres précieuses.

Céleste regarda Arthur en murmurant :

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, tu vois bien la même chose que moi, hein ? »

Son interlocuteur lui répondit, incrédule :

« Non. Mais j’accepte la critique, et mon cœur reste toujours ouvert. »

Texte composé par accident et par Heilani, Barbara et Tim.


« Vous avez vu la nouvelle fonctionnalité de Google Maps ? »

« Non, c’est quoi ? »

« En plus de la destination, on peut aussi mettre la date. »

« On s’en fiche. C’est probablement pour planifier les trajets à l’avance. Mets le GPS, on est en retard. »

Une fois arrivés à destination, les quatre amis aperçurent un homme en armure leur hurler dessus dans une langue incompréhensible.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Le quartier, qu’ils croyaient désert lorsqu’ils y étaient entrés en voiture s’avérait en fait grouiller de vie. Des gens de toutes sortes, toutes tailles, toutes origines. La plupart avaient bien deux bras, deux jambes, et le reste des organes là où il faut. Mais nombre d’entre eux pouvaient être bien plus bigarrés, voire chimériques.

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, vous voyez bien la même chose que moi, hein ? »

« Oui. C’est effrayant. »

Texte composé par accident et par Jérémy, Vincent et Camille.


On avait dit  : un chalet au milieu des bois de cèdre. Pas de télé, pas d’enfants, que de l’alcool et les vieux copains.

Vincent a même préparé ses fameux space cakes à la fleur d’oranger. Ce n’était plus le même homme depuis qu’il préparait ses savons à base de CBD. D’ailleurs, fort heureusement, le trajet ne prévoit que des routes de campagne. Parce qu’alors, la Kangoo, à défaut d’être remarquable par sa carrosserie rouillée, pouvait être repérée de loin par quiconque n’aurait pas les sinus encombrés.

Cependant, après trois heures de route et la tête haute perchée, c’est sur les sables chauds d’une plage abandonnée qu’ils posèrent les pieds.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Se dresse devant eux un animal, très grand, qui possédait une tête de dragon avec un corps immense ressemblant à un cerf.

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, vous voyez bien la même chose que moi, hein ? »

Les deux botanistes s’avancèrent dans la vallée aux Merveilles, armés de leurs carnets à croquis pour étudier la plante extraordinaire.

Texte composé par accident et par Tim, Camille, et Barbara.


Cela faisait des mois qu’ils préparaient ce voyage. Céleste avait potassé tous les guides touristiques pendant des jours, et vérifié la météo régulièrement pour éviter les mauvaises surprises.

Elle avait bassiné Arthur pour qu’il fasse sa valise en avance. Elle-même avait tout prévu ; rechange, rechange de secours. Bref, une animation en béton.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Mais, après tout, pourquoi pas ?

Les champignons devaient sûrement faire effet, et le but de l’expérience était de se laisser guider.

Ils s’approchèrent donc de Dora l’Exploratrice qui semblait chercher quelque chose… Le plus téméraire d’entre eux décida de l’aborder.

C’est alors qu’un renard masqué jaillit de nulle part et kidnappa leur ami.

C’est les yeux écarquillés et les pupilles dilatées que le groupe vit leur ami s’envoler dans les airs, un renard sur la tête en guise de béret. La plus jeune du groupe s’exclama :

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, vous voyez bien la même chose que moi, hein ? »

Oui ! Ça y est ! Enfin la preuve d’une autre vie sur telle…

Texte composé par accident et par Barbara, Tim, et Carine.


On avait dit aux enfants qu’on les amènerait à la fête foraine. Nous avions été très intrigués lorsque nous avions vu les affiches. Les attractions avaient l’air très originales.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Mais, qu’est-ce qu’une fête foraine fichait au milieu d’une forêt ?

Une billetterie colorée diffusait une joyeuse musique. Et, à l’arrière, on pouvait voir des manèges immenses et bruyants, et on percevait même une odeur de bonbon, de popcorn, et de barbe à papa.

Dans le ciel s’envolaient d’immenses libellules chevauchées par des enfants qui riaient aux éclats.

Étaient-ils encore sur Terre ?

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, vous voyez bien la même chose que moi, hein ? »

Les autres regardaient les environs, les yeux ronds et la bouche ouverte. Personne ne lui répondit. Les mots étaient au-delà de cette réalité.

« Oh ! Les copains ? Répondez-moi ! »

Il découvrit qu’il était désormais seul, entouré de cette ménagerie cauchemardesque que, nul doute, ses amis avaient rejointe.

Il haussa les épaules, dégagea ses ailes membraneuses, et s’envola rejoindre les autres monstres.

Texte composé par accident et par Carine, Heilani, et Vincent.


Durant une nuit de pleine lune, ils décidèrent de prendre la voiture et de rouler sans but précis.

La route s’étendait sans fin, seulement éclairée par la seule lumière de la lune. Soudain, ils virent des ombres passer au loin. Ils continuèrent leur route sans ralentir.

L’ombre surgit face à eux, les forçant à freiner.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Lequel d’entre eux aurait pu prévoir que, puisque tout le monde aimait les manèges, Tim leur avait demandé s’ils pouvaient passer leur week-end de congé avec lui, et les aurait amener à Port Aventura ?

En arrivant, une chose leur sauta aux yeux : une barbe à papa de cent mètres de haut.

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, vous voyez bien la même chose que moi, hein ? »

Il tourna la tête là où son regard s’était dirigé, mais ne vit pas ce qui la dérangeait.

« Ben ouais, là-bas c’est juste la zone, quoi. Allez, ferme la bouche. Tu vas avaler une mouche… »

Et, comme si ce qu’il voyait était parfaitement logique, il s’y dirigea.

Texte composé par accident et par Camille, Jérémy, et Heilani.


— Je t’ai dit à droite ! Fallait tourner à droite !
— Mais, le GPS a dit à gauche…
— Cette machine est con comme un balai. Faut pas l’écouter.
— Pourquoi tu l’as mis, alors ?
— Pour mettre l’ambiance. T’as aucune conversation.
— Je peux pas parler et me concentrer sur la conduite en même temps.
— Bon, laisse tomber. Gare-toi, on va demander notre route.

C’est pourquoi ils furent si surpris lorsqu’ils descendirent de la voiture.

Des monstres jaillissaient de tous les côtés. Des serpents gluants crachaient du sang sur les passagers des montagnes russes. Des hommes sans têtes accueillaient les visiteurs. Des vaisseaux se propulsaient vers des destinations inconnues de l’univers.

« Je n’aurais jamais pu croire qu’une telle chose existait ! On est d’accord, vous voyez bien la même chose que moi, hein ? » dit Tim devant une assemblée d’aveugles.

Texte composé par accident et par Vincent, Carine, et Jérémy.


Jeu n°2 —

Raconter une histoire inspirée par l’image ci-dessous. Source : Archillect

Les textes :

Il regarde l’heure : 00h20.

Cela fait 20 minutes qu’elle lui a demandé de l’éteindre. Son regard se pose une dernière fois sur son corps métallique. Un corps qu’il a toujours détesté, mais que jamais il ne put lui avouer. Bien trop froid pour l’accueillir elle, il se disait. Mais elle avait gagné ce droit et depuis tout avait changé.

Il regrettera une dernière fois d’avoir cru que c’était possible et surtout, il compte bien stopper toute cette folie. Il regarde le cadre photo sur la table de chevet, son visage s’attendrit à la vue de son sourire. Ils n’étaient qu’un, ils étaient heureux.

Aujourd’hui, il en aura la force. Il sait que Lys n’est plus là. Elle est devenue, autre chose.

Ses pensées s’égarent, il regarde de nouveau l’horloge : 1h00. Il ne doit plus tarder.

Il retire sa main, lentement, et s’approche de sa nuque. Il y pose un dernier baiser.

Ses doigts se promènent sur le boitier derrière ses cheveux. Il n’émettra aucune résistance, lui seul en connait la combinaison. Délicatement, il tape le code puis saisit l’alimentation. Il espère que le processus ne sera pas douloureux. De toutes les choses qu’il lui souhaite, la faire souffrir une deuxième fois lui coûterait tout.

Timothy


— Ne fais pas cette tête, chéri. Tu vas t’y habituer. Tu verras.

L’autre ne répond pas. Sa femme pose délicatement sa main cybernétique sur celle de son compagnon. Les capteurs intégrés lui communiquent des fantômes de sensations ; douceur et fermeté de la peau, sa chaleur, même le léger chatouillis des poils.

Elle sourit doucement.

— Tu vois, fait-elle. C’est pas si terrible. On s’y fait vite.

Toujours aucune réponse. Puis, doucement, la main de son compagnon se retire de la sienne. Il se relève, la fixant de ses yeux sans émotion, sans plus d’humanité. Il finit par lui tourner le dos.

Elle le regarde s’éloigner, sa silhouette robotique, ajourée et incomplète, s’encadrant en contre-jour, avec sa seule et malheureuse main encore humaine rattachée à son avant-bras fait de métal et de plastique.

Vincent Corlaix


Jeu n°3 —

Chaque participant pioche trois cartes Dixit au hasard, puis rédige une courte histoire mettant en scène des éléments figurant sur les cartes.

Les textes :

Il regarde au loin, l’air pensif. En fait, il repense à ce livre d’Éric-Emmanuel Schmidt : « Lorsque j’étais une œuvre d’art » qu’il avait lu lorsqu’il était plus jeune et soupire intérieurement.

« Tu n’as clairement pas vécu ce que je vis à l’heure actuelle mon petit Éric. Mais soit, ma machine à remonter le temps s’est déréglée, je suis remonté trop loin. Ou, plutôt, allé trop loin… ! »

Et le pire dans tout ça, c’est que le sphinx de calcaire dont je vous parle à l’heure actuelle doit admettre que la théorie de la réincarnation est vraie. Il a la preuve tangible qu’à l’avenir il sera, ce qu’il est aujourd’hui : une structure de pierre.

Quand même, de tous les champs des possibles, même se réincarner en punaise de lit, ça aurait été plus cool. L’inertie d’une pierre ce n’est pas bon pour son arthrose.

Et alors, ce qui alimente le plus ses lamentations, c’est qu’il sait qu’en l’état, il n’a pas moyen de défaire ce qui est fait. Il a bien compris qu’il allait devoir attendre de se reréincarner en bipède, il souligne, la forme la plus évoluée.

Mais alors et alors : « Alors et surtout ! »

Quand est-ce que ça meurt, la pierre ?

Timothy


« Je n’ai pourtant rien d’exceptionnel, se dit-elle. Je suis une quidam, une presque rien. Alors, pourquoi m’infliger cela ? »

Elle ruminait, seule, dans sa triste prison d’eau, cette goutte géante où l’avait enfermé l’étrange divinité totémique qui était censée veiller sur son peuple, comme on leur enseignait depuis tout petit.

Cette chose toute puissante était d’ailleurs bien loin des représentations qu’on en faisait, et tenait plus du cauchemar protéiforme que de l’être sage et bienveillant.

Elle crut longtemps – sans, en fait, pouvoir mesurer le passage du temps – que son étrange et injuste punition se résumerait à une éternité d’emprisonnement.

Mais, soudain, une image lui fut projetée. Elle reconnut aussitôt son village. Son cœur bondit de joie en découvrant son tendre ami. Mais il se brisa dans la seconde suivante, lorsqu’elle le vit offrir le sien à une belle et blonde inconnue.

Elle comprit alors quel était son véritable châtiment ; ses larmes inépuisables commençaient déjà à emplir sa prison-goutte.

Cartes tirées par VincentCartes tirées par Vincent

Vincent Corlaix


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