Fake News de Noël : faites-nous croire à un événement qui ne vous est pas arrivé durant les fêtes de fin d’année.
C’était l’occasion rêvé, elle ne se représenterait pas. Sa mère criait de joie, son Père l’avait embrassé vigoureusement, la larme à l’œil et le cœur rempli de fierté.
Il avait postulé sans grande conviction. Ses compétences accrues de la suite office ainsi qu’en analyse financière avaient peu de chance de le faire sortir du lot, mais les perspectives de carrière étaient énormes, peu importait le salaire, sa renommée le succèderait s’il obtenait le poste.
Et il a obtenu le poste !
Timothy est bien trop heureux, imaginez la tête de ses futurs recruteurs quand ils verront son expérience saisonnière et l’auteur de sa lettre de recommandation.
Plus excité que les enfants au pied du sapin demain matin, il a rangé son sac et zippé sa Parka rouge et blanche, cette nuit il serait le Premier Coordinateur de flux pour le Père Noël ! A lui les paillettes dans les yeux, la paye en sucre d’orge et les tickets restaurants en pain d’épice !
Timothy
C’était un peu avant noël de cette année. Cette fin d’année typiquement provençale durant laquelle la météo joue au yo-yo entre un automne breton et un été indien sans manches. Je somnolais à moitié devant notre traditionnelle épisode de série du soir (Était-ce Loki ? Les Revenants ? À moins que ce ne soit Silo… Oui, pardon, on s’en fiche, c’est vrai…)
Un petit flash attire mon attention. Coup de fil sur mon smartphone. Immédiatement, je pense à mes parents. Qui d’autre à cette heure ? J’ai donc le réflexe d’ignorer la nuisance. Cependant, l’écran affiche un laconique « Numéro Inconnu ». Alors que la partie fonctionnelle de mon cerveau conclue à l’appel d’un quelconque démarcheur, l’autre partie, ensuquée de fatigue, saisit l’appareil et décroche.
À l’autre bout, une voix féminine :
— Bonsoir, excusez-moi de vous déranger. Je suis l’assistante d’Augustin Trapenard. Nous aimerions vous inviter dans le prochain numéro de l’émission La Grande Librairie. Est-ce que vous seriez disponible dans quinze jours ?
À l’écran, la protagoniste tente de tout son jeu d’actrice de nous convaincre que, bien qu’effrayée par l’eau, blessée à l’épaule et à peine remise d’une infection, elle peut plonger à 100 mètres de profondeur en apnée1. Captivé par ce grand moment de la télévision, je répond mollement :
— 15 jours ? Heu… Pfff… Faut que je regarde mon agenda. On se rappelle ?
Et je raccroche parce que je commence à me perdre dans les dialogues d’une profondeur qui n’égale pas celle de la plongée improvisée.
— C’était qui ? me demande ma compagne d’une voix tout aussi ensommeillée.
— Chépas. Pas bien compris. Je crois que c’était pour me vendre un truc.
Vincent
Chaque participant reçoit un verbe défectif sans en connaître la définition. Il doit écrire un court texte en utilisant ce verbe dans le sens qu’il imagine.
Timothy a reçu le verbe : Mousiner
Enfantine est pleine de chansons,
Dans son récit, les nuits s’étirent et les ombres s’essoufflent
Car, telle une comptine qui n’émettrait aucun son,
Enfantine est une Mélodie qu’on convoite puis qu’on étouffe
Dans l’éclat des fleurs, heureuse comme le jour
Enfantine
Le cœur qui danse et la voix qui mousine
D’ivresse, mais seulement dans ses rires
Vous conte ses récits et mime ses chansons
Définition du verbe Mousiner : Pleuvoir d’une pluie fine.
Vincent a reçu le verbe : Tistre
Il en fait une tête, mon pote Tim. On l’embête au travail, à ce que j’ai compris. Il a commencé à m’expliquer, mais j’ai rien compris. Faut dire que j’ai de toute manière toujours pas pigé en quoi consistait son taf. Il m’a dit qu’il se faisait tistre par sa hiérarchie un peu trop souvent à son goût. Je me suis demandé si c’était parce qu’il faisait trop souvent des pauses pipi, mais ma question a eu l’air de l’offusquer, alors j’ai dit que rholàlà ça va c’est bon c’était juste une blague, quoi. Mais bon, il s’est refermé sur lui-même comme une mouitre en continuant à soupirer.
Ça fait peine à voir, un bien tistre tableau…
Définition du verbe Tistre : Tisser.
Vincent
Un participant va choisir un livre dans les rayonnages de la librairie. On ouvre une page au hasard et choisit un passage. Les participants doivent s’en servir comme point de départ, passage, ou chute de leur texte.
Extrait de « Le Chemin de la Dame » de Marie-Noëlle Pichot, éd. Gulf Stsream :
— Bon Dieu de bon Dieu ! Venez-voir ça !
Antoine lâche les mains de Lucie et entre dans la pièce interdite. L’odeur de la pourriture et de la poussière le saisit à la gorge.
Antoine avait monté les escaliers, mains dans la main de Lucie. Lucie, elle est arrivée il y a peu dans cette demeure. Elle lui avait plu tout de suite. Elle n’avait d’égale de gentillesse que de beauté et avait décidé de mettre ses qualités au service des personnes les plus démunies et les plus âgées. Sa discrétion, comme tous les employés dans cette maison, lui avait permis d’être recruté.
Ils marchaient maintenant le long du couloir, celui qui mène à la chambre de l’octogénaire. Celui que tout le monde connait mais que personne n’approchait. De toutes les pièces de la maison, sa chambre en fut la seule pièce qui leur interdite. La famille des lieux en avait fait les frais, le grand-père était une personnalité connue et plutôt détestée. Son discours n’avait clairement pas fait l’unanimité et sa tête avait dû être mise à prix, plusieurs tentatives d’assassinat avaient eu lieu, même si les évènements dataient maintenant.
A mesure qu’ils marchaient, une atmosphère étrange les saisissait. Il leur semblait que le temps s’était arrêté, que l’air s’était figé. Ils s’approchaient de la chambre lorsqu’un liquide rouge dans lequel étouffait des restes de chevelures fluait le long des rainures du parquet.
De stupeur, Antoine s’écria : « Bon dieu de bon dieu ! Venez voir ça ! » Il lâcha les mains de Lucie et entra dans la pièce interdite. L’odeur de la pourriture et de la poussière le saisit à la gorge.
Timothy
Antoine sirote un sérum millésimé. Il avait décidé de s’offrir un petit cordial après une nuit de dur labeur. Lucie le rejoint au salon et vient se lover contre lui.
— Que nous suggérez-vous pour le dîner, très cher ?
Antoine, peu motivé, marmonne :
— Je pense que nous avons ce qu’il faut de restes pour accommoder un petit quelque chose. Quoique…
Lucie réfléchit un moment avant de plaquer la main sur sa bouche, et de se lever d’un bond.
— Chéri, en quelle année sommes-nous déjà ?
— Voyons, ma mie. Janvier 2025. Mais enfin, qu’est-ce que… ?
Lucie se précipite et Antoine n’a que le temps de saisir sa main pour la suivre. La jeune femme le conduit devant la sinistre porte et fait jouer la complexe serrure qui grince avant de libérer l’huis.
— Bon Dieu de bon Dieu ! Venez-voir ça !
Antoine lâche les mains de Lucie et entre dans la pièce interdite. L’odeur de la pourriture et de la poussière le saisit à la gorge.
— Décidément, ma chère, nous sommes vraiment nuls. Nous avons encore une fois oublié les dates de péremption !
Vincent
Hon ! C’est donc un épisode de la série Silo…↩︎