Raconter une histoire inspirée par l’image ci-dessous.
La grève
Les minutes semblent parfois des heures, les jours des années, et chaque semaine sans nouvelles de toi dure un siècle de souffrance. Sur la route, l’écho de ma voix n’a trouvé pour seule réponse que le silence froid des parois de pierre.
Les flancs érodés des falaises supportent à eux seuls le mince sentier que j’arpente. Dessous, sombres et insidieux patientent des gouffres infinis, avides de funambules comme moi.
Cela ne fait pourtant pas si longtemps que tu as disparu, mais le silence qui suit déjà ton sillage menace mes souvenirs.
Fragments d’images tronquées, d’éclats de voix, et au détour d’un parfum tout droit sorti du vide, la mélodie d’une chanson douce ou d’un sanglot de rage.
J’ai l’impression d’errer depuis mille ans.
Comme tu me l’avais dit, j’ai suivi l’eau. L’eau du ruisseau qui bordait, à l’époque, le chemin boisé de la piste cyclable près de la maison. L’eau de la rivière du pont des amoureux. L’eau qui coulait le long du sentier des ânes au Prignolet et qui brillait à la surface des crevasses blanches du sol d’argile fendillé.
Depuis l’œil de la source, caché dans la montagne sous ses paupières de pierre, jusqu’aux vagues d’argent chargées d’algues et de sel, de la plage des salins ; j’ai suivi l’eau. À m’en blesser le corps et l’esprit, j’ai suivi l’eau.
Sois mon eau vive, tu me disais, traces ta propre route, deviens la sente brillante et tranchante qui fait vivre les sols et qui déchire les pierres. Je t’ai donné les deux, la douceur et la force.
Mais voilà un certain temps que j’arpente la route qui me sépare de toi, les jours sont parfois clairs, mais plus souvent brumeux. Et malgré ma patience, les chemins escarpés de l’espoir ne tiennent pas leur promesse. Quand le brouillard retombe j’atteins enfin la grève, la plage est désertique, gris cendre les galets, rousses, les herbes folles qui poussent en touffes dans les plates-bandes sablonneuses. Le vert de ton regard s’illustre par son absence. Mon cœur est une épave, et face à moi, la mer.
Lou Brunel
Le vieux rafiot trône sur la berge comme une étrange créature marine échouée. Ses parois zébrées de rouille lui donnent de loin un air fauve qui s’accorde de plus en plus au paysage au fil des saisons.
Ses coursives, cabines et ponts forment un labyrinthique, terrain d’aventures pour les gamins du coin, y passant des heures à s’imaginer pirates, aventuriers, rangers de l’espace…
Au fil du temps et des générations, le caboteur s’est gorgé de toutes ces vies rêvées qui se sont mêlées à sa propre histoire. Jusqu’au jour où il a repris la mer, cahotant vers un horizon plein de promesses, et une théorie de gamins hilares, des étoiles plein les yeux.
Vincent Corlaix
Écrire la suite de ce texte : « Je m’installe confortablement dans le taxi. Je n’arrive pas bien à voir mon chauffeur. Néanmoins, lorsqu’il me demande ma destination, sa voix est douce et chaude, rassurante. Mais, lorsqu’il enclenche la vitesse… »
Raconter la suite.
Je m’installe confortablement dans le taxi. Je n’arrive pas bien à voir mon chauffeur. Néanmoins, lorsqu’il me demande ma destination, sa voix est douce et chaude, rassurante. Mais, lorsqu’il enclenche la vitesse, je me retrouve plaqué dans mon fauteuil. Non pas contre le dossier, mais tassé vers le bas. L’accélération est telle que j’en ai presque du mal à respirer. Parvenant à tourner la tête, je vois en l’espace de quelques secondes le ciel bleu faire place à une étrange nuit étoilée.
Et puis, soudainement, tout se calme. Je me sens tellement léger que, si je n’avais pas ma ceinture de sécurité, je crois que je m’envolerais.
Je balbutie en essayant de ne pas hoqueter :
— Mais… qu’est-ce qui… c’est quoi… comment… heu…
Toujours caché par son appuie-tête, mon chauffeur me répond de sa voix veloutée :
— C’est un des derniers modèles de Tesla. Elon a fait une joint-venture avec Space-X, et voilà. Je vous dépose dans quelques secondes.
Je n’ai pas le temps de répondre que nous plongeons à nouveau vers le sol. Mon estomac remonte dans la gorge sous la poussée.
Lorsque le monde retrouve sa place et son calme, j’ouvre les yeux sur un paysage aride et qui m’est complètement étranger.
— On… on est où, là ?
— Nairobi, comme vous aviez demandé.
— Quoi ? Mais, enfin, non ! J’ai dit : « Au Franprix » ! — Pardon ? Parlez plus fort, je vous prie.
Vincent Corlaix
Raconter un événement de trois points de vue différents. Le premier récit sera fait par un témoin direct. Le second sera raconté par quelqu’un à qui on l’a raconté d’une personne qui lui a raconté, etc. La troisième version sera donnée par quelqu’un ou quelque chose de totalement étranger (fantôme, extra-terrestre, animal, voyageur temporel…)
Acte 1 –
— J’vous jure, m’sieur l’agent. Ça s’est passé comme j’vous le dis. Je sors du Franprix, et pile devant moi, vlatipa une mamie, genre à cabas à roulettes et cheveux bleu chrome, qui traverse sans regarder. Et paf ! Le scooter qui déboule et la valdingue comme un vieux sac poubelle. Tout le monde a arrêté de respirer. Mais, tu m’crois… pardon, pardon. Vous m’croyez si tu veux, v’la qu’elle se relève, et qu’elle flanque un de ces coups de sac à main dans la tête du gamin. Chépas c’qu’elle avait dedans, mais ça a fait mal. Après elle est partie, comme si de rien. Ah, ben oui, du coup l’ambulance, c’était pour le mec au scooter, pas pour elle.
Acte 2 –
— Oui, Jean-Christian, je suis dans le quartier où les événements se sont produits. Le calme semble maintenant revenu, mais on parle à l’heure actuelle d’une dizaine de voitures incendiées et de nombreux blessés. La police serait à la recherche d’un gang de personnes du 3e âge considéré comme responsable des échauffourées. Néanmoins, nous attendons confirmation auprès des autorités. Je reviens vers vous dès que le préfet de police se sera exprimé. À vous, les studios.
Acte 3 –
— On s’occupe comme on peut, dans notre état. Faut nous comprendre. Les distractions sont rares après quelques siècles d’errance. Donc, on flottait tranquillement dans le coin, âmes en peine à la recherche d’un truc pour nous occuper l’ectoplasme. Et voilà qu’on assiste à un accident ; une pauvre mamie renversée par un scooter. Moi, j’ai pas eu le réflexe de quoi que ce soit, mais Christobald a sauté sur l’occasion. Au sens propre. Je l’ai vu s’engouffrer dans le corps de la vieille dame. Il l’a aussitôt fait bondir et se ruer sur le pilote du scooter pour le frapper et l’insulter. Rien qu’à voir la tête que les gens ont faite, je regrette de ne plus avoir de côtes à serrer tellement j’ai ri. Bon, j’avoue que c’est un peu triste pour la mamie quand Christo devra la relâcher. Mais elle viendra bientôt nous raconter des nouvelles fraîches.
Vincent Corlaix
Raconter une histoire inspirée par trois dés Story Dice choisis au hasard parmi les sets Actions, et Fantasia.
Le petit diablotin vise avec soin avant de lâcher son projectile sur sa victime désignée. Mais, celle-ci, dans un réflexe éclair, l’évite de justesse, au grand dam du farfadet.
Ce n’est malheureusement pas le cas de la suivante ; un troll des cavernes, créatures lentes, mais puissantes comme un glissement de terrain. Assez puissante pour faire passer le diablotin de trois à deux dimensions.
Vincent