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Séance n°14

Jeu n°1 —

Décrire ou raconter une histoire inspirée par l’image ci-dessous. Mais en y ajoutant un élément qui n’apparait pas sur la photo.

Source : ArchillectSource : Archillect

Les textes :

Ce matin, Joe se crispe. Il vient de recevoir le mail avec la photo en pièce jointe. Il se tourne vers Ben, le logisticien, et lit le mail à voix haute :

« Mme, Mr.

En raison de l’orage magnétique Tesla le Navire Maersk étoilé 28 s’est malheureusement échoué sur la côte atlantique. Nous supposons malheureusement que le container TC n° 99718 s’est lui aussi échoué sur la même côte.

Vous trouverez notre formulaire de déclaration de sinistre ainsi que la photo justificative en pièce jointe.

Nous nous excusons pour cet évènement indépendant de notre volonté.

Bien cordialement,

Compagnie Maersk »

Ben se tourne vers Joe, un poil stressé : « Mais comment fait-on sans les cubes noirs ?! Et les autres cubes ? Où sont les autres cubes ? »

Joe répond : « Je ne sais pas Ben, je ne sais pas… Tu crois que les cubes sont importants pour le parc Minecraft ? »

Timothy


Le progrès technologique a atteint son paroxysme. En tout cas, c’est ce qu’on dit à chaque innovation qui devient un succès commercial.

C’est le cas de la VirtuaSunBox-2000©™®.

Cette merveille de technologie permet à tout un chacun de profiter des plaisirs d’un lieu sans avoir à y mettre le moindre doigt de pied. Tout se passe dans le confort de son chez-soi. L’utilisateur est projeté grâce à son équipement HDVR, dont les images, les sons et tous les autres sens sont captés par la VirtuaSunBox-2000©™®.

Bon. Faut quand même que quelqu’un vienne déposer la boite là où l’utilisateur veut se prélasser. Ça crée des emplois, mais c’est de plus en plus difficile de trouver du personnel qui a le courage de sortir réellement de chez lui.

Vincent Corlaix


Jeu n°2 —

Écrire une histoire ou une description en utilisant le décalage synesthésique.

Les textes :

Je prends les documents que me tend le médecin, je dois remplir les informations demandées. — C’est simple, vraiment rien d’extravagant, me dit-il avec un sourire, votre nom, prénom, numéro de sécurité sociale… Vous savez faire cela.

J’ai chaud tout à coup, je manque d’air, j’ai la sensation d’étouffer, le malaise me guette. Simple…facile… rien d’extravagant ?! Je ne vois pas les choses comme lui, mais peut-il le comprendre ? Je ne le crois pas. Je me force à compter, 1, j’inspire, 2, j’expire, 1, inspiration, 2, expiration. Après cinq minutes, je tente d’ignorer la secrétaire impatiente et me concentre sur le document : mon prénom, bleu turquoise, mon nom, bleu marine, je vois l’eau devant mes yeux. Une inspiration et une expiration, mon numéro de sécurité sociale : 1 (rouge) 22 (vanille), 223 (lumière) 137 (violet) … je vois danser les chiffres colorés et scintillants devant mes yeux. Je referme mes yeux, inspiration et expiration, mon adresse : elle sent le lilas. J’aime cette odeur.

J’entends la secrétaire pianoter d’impatience, elle attendra. Quand je commence quelque chose, je dois aller au bout. Quarante minutes plus tard, je tends mon document à la secrétaire médicale — le médecin en a eu assez de patienter- elle écarquille les yeux de surprise devant mes réponses.

Barbara A.


La synesthésie c’est :
– Cette nostalgie douce qui fond dans la bouche
– Cette sculpture qui transpire l’amour et la victoire marbrée
– Cette église couronnée de cuivre et armée des plus belles promesses
– La joie, la gaieté et la célébration pailletée qui éclate dans le ciel d’encre
– Le sublime parfum de l’instantanéité et la caresse du passé retrouvé

Note1

Timothy


La planète était incroyable. Le sable, d’une couleur pourpre tirant sur l’amertume d’une figue ou d’une myrtille, crissait sous les pas comme des milliers d’éclats de violon désaccordé.

Au loin, des nuages glissaient paresseusement en neige sucrée, fondant doucement.

Plus près, des arbres aux silhouettes artérielles lançaient au ciel leurs branches veloutées. Entre eux, un cours d’eau serpente comme un rayon de lumière brisée, lançant des éclats de notes cristallines et salées.

Vincent Corlaix


Jeu n°3 —

Un lancé de trois dés du set Voyages des Story Cubes.

Tirage du set Voyages des Story Cubes du 09/03/23Tirage du set Voyages des Story Cubes du 09/03/23

Les textes :

L’alarme résonne dans la banque, les portes se verrouillent automatiquement. Le souffle court, je cherche frénétiquement une idée lumineuse pour m’en sortir. Je regarde autour de moi, des sacs remplis de lingots d’or, cela risque d’être compliqué d’expliquer ce que je fais au milieu de tout cet or dans des cas en combinaison noire, cagoule sur la tête. Une idée… il me faut une idée. Je me refais le déroulé de la journée. 5h30, réveil, 5h45, départ vêtements sombres et cagoules dans mon sac, panoplie parfaite pour un plan génial (si seulement !), vol de la Ferrari du voisin, je n’y peux rien, j’adore les chevaux, démarrage en trombe, pied au plancher… la discrétion ce n’est pas mon fort — vous l’aurez compris. 6h00, arrivée à la National Trust Bank, 6h15 crochetage des coffres, 6h45… voilà où j’en suis. Dépitée, je glisse les mains dans mes poches et effleure une petite boite ronde ourlée de velours. Oui, la voilà mon épiphanie, 5h40, Céleste me confie cette petite chose, en insistant « en cas d’urgence uniquement ». Je prends mon unique espoir avec une infinie précaution, qui sait ce que Céleste a encore pu inventer, j’ouvre l’écrin et découvre une pilule d’une jolie couleur or — ironique n’est-ce pas ? J’hésite, j’entends le bruit des sirènes et des pas qui se pressent derrière la porte du coffre dans lequel je suis enfermée. Tant pis, je tente, j’avale la pilule.

6h50m01s, le gardien ouvre la porte, flanqué d’officiers de police armés jusqu’aux dents, de chiens policiers et tous les renforts possibles.

6h50m04s, il n’y a personne, tout parait normal pour un être humain lambda.

Barbara A.


La mort imminente. C’est son sujet de recherche. Ce serait le secret du savoir, de la beauté, du divin… L’expérience fait souffrir le corps et endommage l’âme. Mais il doit savoir. Il a mis une annonce en ligne, le CV des participants doit être impeccable : plus de famille, amis ou proches ; rien à perdre, tout à gagner.

11:00 sonne sur sa montre. Il s’est perdu dans ses pensées. Il se dirige vers la chambre et retrouve Lucien. Dans ses derniers moments de lucidité, le camé avait accepté l’offre. Rien à perdre.

Il tend le verre et la pilule à Lucien, lui rappelle que c’est pour ne rien sentir. C’est un placebo, évidemment, il devra souffrir pour que l’expérience réussisse.

Une fois la pilule ingérée, il installa la pauvre âme sur le lit sanglé. Il lui place les capteurs tout au long de son corps et règle le baromètre. Il n’attend pas une minute de plus, il saisit le sac en enveloppe la tête de Lucien. Le corps du toxico se débat, cela ne devrait durer que quelques minutes tout au plus. Les yeux rivés sur les capteurs, il attend le moment fatidique : le dernier battement.

Timothy


L’alarme résonnait encore lorsque le capitaine s’éveilla de sa cryostase. Sa capsule s’ouvrit dans un soupir pneumatique. À peine un pied incertain au sol, il demanda d’une voix pâteuse :

— S’qu’y s’passe ?

La voix sirupeuse de l’ordinateur lui répondit :

— La consommation en carburant est plus importante que les estimations faites au moment du départ.
— On va être court ?
— Malheureusement, oui.

Étouffant un juron, il continue :

— As-tu identifié le problème ?
— Mais, certainement. Le pod n°42–BZ affiche un poids plus important que celui inscrit dans le manifeste.
— Ah. Allons voir ça…

Le capitaine pianota sur l’écran de contrôle de la cryocapsule 42—BZ, puis déclara :

— Mince, tu as raison ! Mais c’est absurde. On ne peut pas gagner du poids en cryo… Tant pis, j’ouvre pour voir.

À l’intérieur, le passager, encore endormi, serrait un volumineux sac contre lui. Le capitaine s’en saisit.

— Un contrebandier ? se demanda-t-il.

Il plongea la main dans le sac et en extirpa une poignée de gélules multicolores.

— Quelle est la nature de la cargaison frauduleuse ? demanda l’ordinateur. Des stupéfiants ?

Après un examen attentif, le capitaine lui répondit :

— Même pas. Ce sont des Car-en-Sac

Se redressant, il ajouta :

— À ton avis… Je jette par-dessus bord le sac, ou le couillon ?

Vincent Corlaix



  1. Pour info, j’ai pensé dans l’ordre : à la Cannelle, à « la victoire de Samothrace », à Saint Fin Barre’s Cathedral, à Cork en Irlande, au feu d’artifice, à la mélancolie.↩︎

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