D’un mot valise inventé, une absurDéfinition, imaginer sa définition et la mettre en scène.
Le mot : Bibliologique
(adj.)
Il est 14h00 et ses paupières sont lourdes. La digestion s’annonce déjà difficile. Le cours a démarré il y a plus d’une heure, mais rien à faire : le combo paella crevette et exorcisme classique aura raison de lui.
Au milieu des paroles professorales de prêtre Thomas, il se laisse bercer par Morphée et s’endort gentiment. Enfin, jusqu’à ce que son voisin décide de lui donner des coups de coude : « Théo, réponds ! »
Le prêtre le regarde, très vite ses neurones se percutent : « Je… le frappe à coup de Bible ? »
(Silence)
Prêtre Thomas le reprend : « On ne tue pas un possédé à coup de bible Théo. On lui présente un crucifix, c’est bibliologique ! »
Timothy
Antonin appartenait au royaume des nains. Il était un peu à part, discret, timoré. Il n’aimait pas participer aux gaudrioles de ses camarades. Son vrai refuge était le livre. Il se plongeait dans des mondes d’aventures où il chevauchait des centaures furieux, où il régnait sur un monde de géants, où il devenait un grand magicien doté de pouvoirs rocambolesques.
Un jour, il osa proposer à son roi d’aller dérober des livres chez les humains pour constituer ce que ces autres appelaient une bibliothèque. Il se mit alors à la tête d’une armée littéraire composée de ses congénères. Les livres disparaissaient les uns après les autres dans les écoles et les maisons. Les humains ne comprenaient pas ce qu’il advenait de leurs ressources. Ils qualifièrent ce phénomène de « bibliologique ». Les livres se volatilisaient sans entendement.
Antonin était devenu une autorité pour les siens. Lui seul connaissait la dimension de ces œuvres dérobées et offrait à son monde le plus logique des trésors.
Carine V.
Je n’aime pas casser du pain béni sur le dos voûté de la religion, mais il faut admettre que ces cathos vont trop loin. Ils cherchent tout le temps à légitimer la croyance par d’hypothétiques recherches scientifiques. Ils ont même inventé un nouveau domaine de recherches appelé la bibliologie. Pourquoi pas, hein ? Chacun s’amuse comme il veut. Mais là, je trouve qu’ils ont été trop loin avec leur dernière « découverte », les midichloriens. Et maintenant, ils sont à la recherche d’un gamin doué en pilotage et qui serait l’élu. N’importe quoi…
Vincent Corlaix
On tire cinq cartes sujets (une par catégorie) et une carte de fin d’histoire du jeu « Il était une fois ». Ensuite, on écrit une courte histoire mettant en scène au moins trois de ces éléments et dont la fin est celle donné sur la carte.
Il était une fois une grenouille
qui était écrasée sur la route
. Personne ne s’arrêtait pour voir si son cœur battait encore. Personne ne regardait ses petites pattes trembloter. Personne n’osait toucher son corps gluant.
Un jour, un fou
passa par là. Il découvrit la grenouille dans ce si piteux état. Il s’arrêta, l’observa longuement et vit un léger mouvement au niveau de ses membranes. Elle vivait encore ! Il s’était enfui
d’un royaume anéanti par les ombres. Le roi et la reine avaient perdu leur unique fils et le deuil s’était répandu sur la contrée éloignée. La couronne
avait été abandonnée et l’obscurité avait envahi les terres occupées. Il avait peu à peu perdu la raison dans ce lieu de désolation. Il ne pouvait pas laisser sur le chemin cet être sans défense. Il se rapprocha d’elle et essaya de la ranimer. N’y parvenant pas, brisé, il s’assit sur la route et lâcha toutes les larmes contenues pendant ces dernières années. Un éclair illumina le ciel. À la place de la grenouille se dressait un prince, le regard attendri vers son sauveur, avec des traces de pneus sur le torse. Le fou le reconnut immédiatement. Il lui tendit la main pour se relever et
rebroussa chemin pour le raccompagner chez les siens.
C’est ainsi qu’il fut réuni de nouveau avec sa famille
et que le royaume renaquit de ses cendres en imposant toutefois à ses habitants une interdiction formelle de circuler.
Carine V.
Chaque fois que sa majesté le roi traversait la ville pour se rendre au palais, lui et sa suite passaient devant une chaumière
délabrée. Sur le seuil se tenait assit un mendiant
. Le roi s’en offusquait à chaque fois, s’empourprant de colère à voir ce gueux jurer sur la magnifiscence de sa cité royale. Mais à chaque fois son conseiller, un vieil homme empli de sagesse
, parvenait à le calmer et lui faire oublier l’injure.
Cependant, un jour que le roi était de particulièrement mauvaise humeur, même la diplomatie de son éminence grise ne sut calmer son ire. Parvenant in extremis à ce que le roi ne fasse pas immédiatement exécuter le pauvre hère, il suggéra au roi de le soumettre à une épreuve
.
Le roi vint se placer devant le pauvre homme et lui déclara :
« Si tu peux me donner l’anneau
que mon père perdit il y a de cela tant d’années, je consentirai à te laisser vivre ici comme ça te chante, mécréant. Maintenant, va ! Part me chercher mon trésor ! »
L’homme, loin d’être impressionné, entra un instant dans sa masure avant d’en ressortir, pour poser dans la paume du roi une magnifique chevalière d’or.
« Mais… que… comment ? » balbutia le monarque médusé.
« Vous êtes bien couillon, mon roi. Vous ne reconnaissez même pas votre Grand Argentier, gardien de votre fortune. »
Alors, forcément, le roi lui fit grâce.
Vincent Corlaix
On compose un texte constitué de trois paragraphes. Les deux phrases qui articulent ces paragraphes sont données. Chacun écrit une première partie, puis donne, texte caché sa feuille à un autre participant. Sur celle qu’on a reçu, on écrit la deuxième partie, et on recommence les échanges, jusqu’à ce qu’on ait complété le troisième paragraphe. Les deux phrases en italique sont celles imposées pour cet exercice.
C’était son premier jour en tant que livreur d’un ami de son quartier, confié d’une mission par un homme masqué.
Il devait donc livrer cet étrange paquet à son destinataire légitime.
Alors, il était parti. Il glissa le paquet dans son tote-bag et monta sur son vélo. Il était écolo. « 200 kilomètres, c’était pas insurmontable » se disait-il. Enfin, quand il ne pleuvait pas à verse, quand il n’y avait pas un orage terrible, puis un soleil de plomb, une roue crevée, une tornade, une bande de coyotes affamée, une forêt sombre et tortueuse, une deuxième roue crevée, un ravin inévitable, un pont branlant, un groupe de chauve-souris bruyantes dans un tunnel sombre et, enfin, l’adresse. Bref, une promenade de santé. Il toqua et remit le paquet à un vieil homme qui ne sembla pas surpris. Il lui demanda ce que contenait le paquet.
Après tout ce qu’il avait enduré pour parvenir à son but, il avait mérité de découvrir ce que renfermait le paquet.
C’était la règle : ne jamais ouvrir un colis qui ne t’appartient pas. Il le savait parfaitement. Et pourtant jamais la tentation n’avait été aussi forte. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’une livraison demande autant d’efforts. Après tout, il affronté les flammes ardentes du dragon, les énigmes tarabiscotées. Il secoua le paquet. Une vague odeur commença à en émaner. Il prit peur, puis déposa le paquet sans l’ouvrir.
Jérémy, Heilani et Barbara
On sonna à la porte. Un homme au regard sombre et entièrement habillé de noir se dressait devant lui. « Un coli pour votre jeune frère. » Le paquet n’était pas carré. Il avait une forme suspecte et une odeur encore plus suspecte. Il le prit du bout des doigts après un long moment d’hésitation, mais l’homme en face de lui ne lui laissait pas le choix.
Il devait donc livrer cet étrange paquet à son destinataire légitime.
Sauf qu’une fois arrivé devant la maison de ce fou de Jack, ses deux chiens le poursuivirent et manquèrent de lui arracher une jambe. Il réussit à fuir malgré tout.
Après tout ce qu’il avait enduré pour parvenir à son but, il avait mérité de découvrir ce que renfermait le paquet.
Il hésita un instant. Après tout, son client avait été strict : il devait le livrer en mains propres. Il regarda ses mains, moites et qui auraient bien besoin d’un coup de savon. Autant pour les mains propres. Haussant les épaules, il déchira le scotch et déplia les rabats du paquet. Dedans, un amoncellement de flocons de polystyrène. Il farfouilla et toucha un objet rectangulaire. Il extirpa un téléphone portable. Aussitôt l’écran s’alluma. Un appel entrant. Il décrocha : « C’est toi, le chat ! ». Il reposa le paquet, et se mit à courir, évitant de regarder derrière lui.
Carine, Jérémy et Vincent
Il était postier depuis 50 ans. Mais, ce coli, là… Il était là depuis plus de deux siècles, avec une note indiquant « à livrer à cette adresse en 2023 ». Bon, 2023 c’était aujourd’hui.
Il devait donc livrer cet étrange paquet à son destinataire légitime.
Il n’avait pas un instant à perdre. Traverser la ville semblait une balade de santé, mais c’était sans compter l’armée de cyber-ninjas que le grand Zül avait lâché à ses trousses. Il devait également affronter le clan des amazones zombies, et les loup-garous nazis, parce que pourquoi pas ? Il était parvenu à semer tout ce petit monde en prenant la ligne 6 du métro, plutôt tranquille à cette heure. Assi dans la rame, il soupira.
Après tout ce qu’il avait enduré pour parvenir à son but, il avait mérité de découvrir ce que renfermait le paquet.
De ses mains délicates, il caresse le scotch qui l’entoure. Il rapproche son nez du carré cartonné, et hume pour mieux s’imprégner des odeurs dégagées. Tout le plaisir est là, dans l’attente. Lorsque ses mains délient la corde qui le ligotait, il frôle l’orgasme. Sous ses mains, le paquet s’est révélé. Il ouvre enfin ses yeux jusque là fermés, et admire le contenu dévoilé. Des figues. Ce sont des figues.
Heilani, Vincent et Timothy
Il avait besoin d’argent. La dèche totale, au point d’en arriver à dérouler ses clopes, imbiber le tabac et le manger en salade. Il était prêt à toutes les bassesses pour mettre du beurre dans ses Gauloises. Ça tombait bien, son pire ami, un homme sans scrupule ni beaucoup d’hygiène, avait une course à lui proposer ; un truc à livrer à l’autre bout de la ville.
Il devait donc livrer cet étrange paquet à son destinataire légitime.
S’armant de courage, il enfourcha son fidèle destrier et partit à la recherche du fameux propriétaire de cet étrange paquet. Trois épreuves l’attendaient. Les deux premières furent une véritable formalité ; affronter un dragon et résoudre l’énigme du sphynx. Mais la dernière… ne pas ouvrir le paquet.
Après tout ce qu’il avait enduré pour parvenir à son but, il avait mérité de découvrir ce que renfermait le paquet.
Pris de folie, il décida de l’ouvrir les yeux fermés. Il déchira l’emballage avec rage et enfonça sa tête dedans. Il se badigeonna de son contenu et, tout content, sorti dans la rue dégoulinant et puant de viscères de sa famille.
Vincent, Barbara et Carine
Il commence un nouvel emploi aujourd’hui. Bien plus facile que les précédents, pas de sorts à conjurer, ou de pouvoirs à préparer, cette fois. « Un simple emploi de postier, un simple emploi de postier » se répéta-t-il. Sa première tournée se déroula correctement. Enfin, jusqu’au dernier paquet. Il était recouvert d’écailles étincelantes.
Il devait donc livrer cet étrange paquet à son destinataire légitime.
Il prend le paquet et le charge sur Kiki, son fidèle canasson, un peu boiteux. Ce sera le début d’une aventure plus que douteuse au milieu des opiacés et autres narcotiques non règlementés. Sur le chemin, il rencontre Jérémy, cet illettré zozoteux avec lequel il a partagé ses meilleurs souvenirs de camé. Avec lui, il ne voit pas le temps passer. Ce n’est qu’après deux longues journées à végéter dans une usine désaffectée qu’il repense à son paquet. Alors, dans un moment de lucidité, il nettoie les restes de diarrhée collés sur le pantalon de Jérémy, et se rapproche du paquet.
Après tout ce qu’il avait enduré pour parvenir à son but, il avait mérité de découvrir ce que renfermait le paquet.
Puis, il se réveilla. La prudence était le meilleur choix ! Tout cela n’était qu’un rêve.
Barbara, Timothy, et Jérémy
Il l’a trouvé, ce matin, en promenant son chien. Il devait se rendre à la fête de la figue avec Carine. Mais honnêtement, n’importe quel plan serait meilleur que cette après-midi prévue à célébrer ce fruit violet. Alors, il a lu le nom sur le paquet, et changea de plan.
Il devait donc livrer cet étrange paquet à son destinataire légitime.
Dès qu’il fut dans ses mains, une étrange sensation le submergea. Du liquide était en train de couler sur ses doigts. Il le posa immédiatement et couru dans la salle de bain se nettoyer. Mais le liquide était en train de s’étendre sur sa peau. Ça le grattait terriblement. Il transpirait comme un porc. Il descendit à toutes jambes.
Après tout ce qu’il avait enduré pour parvenir à son but, il avait mérité de découvrir ce que renfermait le paquet.
Le scotch fut coupé, le carton ouvert. Derrière les boules de polystyrène qu’il chassa, il trouva… rien. Juste, rien. Bah ? C’était nul. Juste du polystyrène dans une vieille boite. Déçu et désabusé, Pandore rentra chez lui.
Timothy, Carine et Heilani