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Séance n°9

Jeu n°1 —

Décrire ou raconter une histoire inspirée par l’image ci-dessous. Mais en y ajoutant un élément qui n’apparait pas sur la photo.

Source : ArchillectSource : Archillect

Les textes :

Cela faisait peut-être des semaines, des mois, des années.

Le temps passait sans lui.

Blotti dans la pénombre, reclus dans les entrailles de la Terre, la nuit pour seul décor, il était là.

Depuis le jour où on l’avait jeté dans ce puits, il n’avait eu de cesse que d’essayer de s’enfuir.

Regardant les jours se succéder sans fin, dans le ballet des heures, par l’unique ouverture de sa prison de pierre.

Le dehors était juste en haut dans l’œil du puits, si proche et pourtant hors de portée.

Parfois dans des accès de folie, il avait cru pouvoir l’atteindre, sautant le plus haut qu’il pouvait, retombant toujours plus fort sur le sol dur et humide, jusqu’à s’en briser les chevilles. Parfois, à court de solutions, il s’agrippait aux parois lisses de son trou, tentant tant bien que mal de trouver quelques prises pour se hisser au-dehors. Mais ses mains, usées par la faim et l’angoisse, finissaient toujours par le trahir. Au bout de quelques mètres, l’érosion avait fait son travail, plus de fissures, plus d’aspérités. Il se laissait alors glisser vers le sol, arrachant aux murs de copieux morceaux de mousse verdâtre de ses longs ongles noircis par la crasse et le temps.

Et puis un jour, à bout d’espoir, il cessa de regarder le ciel. De contempler les sillons de ses espoirs flétris qui striaient la vieille mousse, à la recherche d’une piste qu’il n’aurait pas encore empruntée. Il avait cessé d’écouter les sons de la mer. D’espérer la rejoindre.

Mais le soir qui suivit fut un peu différent.

Sans qu’il n’ait su comment, c’est la lumière qui l’éveilla. Il pouvait la sentir, réchauffant doucement sa peau pâle et gelée. Les yeux demeurant clos, ce fut au tour du vent de caresser son visage, filant entre ses cils collés par l’eau salée, soulevant ses cheveux sales et emmêlés, glissant sur sa poitrine, repoussant ses haillons. Ne parvenant pas à sortir de sa torpeur, il renonça à voir, se dit qu’il préférait ressentir, ce qui lui arrivait. Attentif, ce furent les claquements de becs, les petits cris stridents et les bruissements d’ailes qui le mirent sur la voie. Épuisé, mais heureux, il se laissa porter.

Comme pour d’autres avant lui, c’était le seuil d’une nouvelle époque, d’une nouvelle vie, celle où les oiseaux du large étaient venus le chercher.

Lou Brunel B.


Comment vais-je m’échapper de cette cellule ?
C’est la question que je me pose depuis 4 mois, depuis ma condamnation.
Je me rappelle encore.
« Papa, papa, pour Noël je vais demander un Bazooka ! »
Quel père ne veut pas le bonheur de ses enfants ?
La suite de l’histoire ? Il a tiré sur son école, heureusement vide. Qu’est-ce qu’ils grandissent vite…
Le juge m’a fait enfermer dans cette cellule ronde, d’une profondeur de 50 mètres, dont les parois sont si lisses qu’il est impossible de s’agripper.
Depuis, ma femme est seule pour s’occuper des enfants. Jeudi, ma fille commence à se lasser des noyades sur son petit frère. Et elle me le fait savoir.
Ces corbeaux envoient leurs déjections sur moi depuis le trou de ma cellule. Je pense qu’elle commence vraiment à perdre patience depuis qu’elle a envoyé ses corbeaux pour me faire sortir de ma captivité par le ciel.
À peine ai-je eu le temps de me demander pourquoi Jeudi me vient-elle en aide, que ses corbeaux me lâchent à 45 mètres de haut.
Halala, tel père, telle fille. Comme ils grandissent vite.

Jérémy O.


« Lumière », que ce mot est doux sur ma langue. La lumière, cela faisait longtemps que je n’ai pas vu la lumière ; depuis la condamnation en réalité. Enfermé dans un cachot obscur pour un crime odieux, mes bras et mes jambes sont entravés dans une camisole, je peux à peine bouger un orteil. Comment ne pas devenir fou dans ces conditions ? La solution ? Ils m’ont enlevé ma liberté de mouvement, mais pas celle de rêver. Alors je rêve d’une autre vie, d’un autre pays, de la lumière, chaleur du soleil.

Ce matin, j’ouvre les yeux après un songe particulier, je m’élevais dans les airs portés par des aigles géants… je sens encore le souffle de la brise sur mon visage.

Barbara A.


Je tournais en rond. Ça sentait le sang en dessous. Ça sentait la future chair, la nourriture tant attendue. Ça faisait des jours que je n’avais rien eu à me mettre sous le bec. Il allait falloir être rapide, piquer droit et attraper le premier morceau à disposition. Il faudrait peut-être que je me batte contre les autres. Un de mes congénères a d’ailleurs essayé de me blesser. Et ce cri glacial qui s’étend à l’infini ! Ça m’attirait. L’air était froid, ça allait ralentir ma progression. Je devrais contourner par la droite puis pivoter et passer sur le côté.

Un choc sourd retentit. Le temps était suspendu. On s’arrêta tous. Nous étions figés, hypnotisés par ce trou géant. Soudain je plongeai et me voilà emporté dans ma chute folle pour atterrir dans les viscères de mon dîner. Je suis arrivé le premier.

Carine V.


Marcus se réveille en sursaut. Le même cauchemar, encore. Il regarde le plafond de sa chambre. Il n’arrivera pas à se rendormir.

Marcus est hanté par la mort de son père. Cela s’était passé durant l’été 83. Il attendait sur le pied de la porte, il regardait au loin. Il voulait être le premier à admirer le soleil se lever. C’est un bruit sourd qui l’avait surpris. Il avait levé les yeux au ciel, tout s’était passé très vite.

Le corps inanimé chutait, avait heurté le puit, se brisant sur son revers. Il avait couru vers le corps. Et puis voilà.

Il n’avait pas replongé dans ce souvenir depuis son enfance, mais le déni ne fonctionnait plus. Aujourd’hui c’est différent. Marcus sait qu’il doit revenir las bas. Fouiller, chercher, comprendre.

Trop d’éléments inexpliqués mais similaires, similaires à la mort de son père. Bertrand lui a fait parvenir les photos de ces corps, pieds nus, éclatés au sol, visiblement tombés de nulle part. Toutes ces images, il ne les connait que trop. Alors il se lève, prépare son café et prends le pas de la porte. Le livre de comte sous l’épaule, il a une intuition.

On ne meurt pas d’une chute libre, déchaussée, de manière inexpliquée. Sous la lumière des néons le titre du comte se reflète : « Le petit Poucet ».

Commentaire : les bottes de sept lieues permettaient de sauter de très grandes distances dans les airs, elles apparaissent dans le comte du « Petit Poucet ». Marcus a la capacité de voyager dans ses rêves, et retrouver des personnes à l’aide d’objet, une première micronouvelle parle de lui. Je pense que devoir expliquer la micro nouvelle n’est pas bon signe.

Timothy


Le jeune homme, émacié, méditait sur l’esplanade du temple désert depuis des semaines. L’ascétisme faisait partie de l’exercice, mais l’avait laissé amaigri et à peine conscient. Mais l’épreuve touchait à sa fin.

Les oiseaux avaient commencé à rester près de lui, de plus en plus nombreux…

Puis, vint le jour. Les volatiles, sur un signal intangible, se ruèrent sur le jeune homme, plantèrent leurs griffes dans le parchemin qu’était devenue sa peau, et le soulevèrent de terre.

L’étrange équipage ne voyagea guère loin, l’amenant au-dessus d’un puits où ils le précipitèrent. Il n’eut pas le temps d’exprimer sa surprise. Avant de toucher le fond, il sentit son corps, si fin, se transformer.

Sur ses nouveaux membres, légers et puissants, il remonta à la surface avant de se perdre dans le ciel infini, à la suite de sa nouvelle famille.

Vincent Corlaix


Jeu n°2 —

D’un mot valise inventé, une absurDéfinition, imaginer sa définition et la mettre en scène.

Le mot : Indéprimante (n.f.)

Les textes :

A : Bah alors qu’est-ce qui a ? T’as pas l’air bien.

B : Oui, j’ai l’impression de gâcher ma vie et de regretter plus tard les conséquences de mes actions. Ça me fait stresser, j’ai peur de choisir et j’ai peur de ne pas choisir. Le matin, quand je me lève, j’ai l’impression que ma vie tourne en rond, d’être coincé malgré moi dans une spirale infernale.

A : Si un jour est le pire qui soit, alors demain sera meilleur. Les objectifs sont la source de motivation de tous les êtres humains. Bats-toi pour ce que tu veux, et bats-toi pour ce que tu considères juste. Chaque étape que tu franchiras te donnera l’élan pour réussir la prochaine. Et, si tu n’aimes toujours pas cette réalité, recommence de zéro. Le monde est si grand. Tu peux choisir l’endroit que tu veux.

B : Tu es vraiment une bonne personne, tu me remontes toujours le moral quand je me sens mal. Tu es vraiment… indéprimante.

Jérémy O.


Tap, tap, tap… ce bruit régulier la rassure pendant qu’elle réfléchit. L’exercice du jour lui donne du fil à retordre. Pourtant Serena est une créative, les problèmes originaux sont ses préférés… mais là, elle sèche. D’abord c’est quoi une indéprimante, ce satané prof ne leur a pas donné la définition. Qu’à cela ne tienne, elle en inventer la définition, elle va fabriquer sa propre machine que l’on pourrait comparer à une tablette connectée ainsi qu’un programme associé qui permet d’éviter le vague à l’âme, vous savez le coup de blues, bref, la déprime. Grâce à une technique similaire à celle de votre reconnaissance facile de votre téléphone, le programme s’adapte en fonction de la personnalité de l’être humain qu’il a en face de lui. Serena jubile, elle va pouvoir mettre au chômage toute une profession.

Barbara A.


Pour fabriquer une indéprimante

Allez chez Boulanger acheter une grosse boîte électronique

N’oubliez pas d’acheter des câbles

Creusez-y une fente avec un cutter. Il faudra que la fente y soit bien droite et lisse

Branchez l’indéprimante à votre ordinateur

Prenez des feuilles. Glissez-les une à une dans la fente

Allez à votre bureau et regardez l’écran

Et vous verrez défiler devant vous un poème qui ressemblera à la partie la plus positive de vous

Carine V.


A : Vous connaissez ce mot. Bah ce mot, ce n’est pas la définition de Nathalie. Nathalie est vieille, chiante et déprimante. En fait si tu ouvres le dictionnaire, tu verras que « Nathalie » c’est un synonyme pour :

  • Aigri
  • Vieille fille
  • Moisi

Je te parie même que 80% des Comptables ce sont des Nathalie ! Enfin tu sais, tous ces mots doux qui ne servent à rien, t’enlèvent la joie de vivre, te dépriment.

B : Alain. Tu n’y vas pas un peu fort ? Elle t’a juste dit qu’elle ne voulait pas skier samedi.

Timothy


Ça m’apprendra à vouloir faire des économies de rien, en commandant cet appareil sur un site chinois. Sérieux, quoi ! J’ai même pensé que le nom avait été traduit par une IA alcoolique.

Ça a commencé par la page de test. Après la liste des caractéristiques habituelles, un message sibyllin précisait que l’appareil ne pouvait utiliser que le noir et blanc, parce que (je cite) la vie est sans couleurs.

J’ai ensuite essayé d’imprimer mon C.V., mais je n’ai eu qu’une page presque blanche, avec ce seul message : « À quoi bon ? »

Ma dernière tentative fut une recette de cuisine. Heureusement que je l’ai relue, on y avait ajouté des ingrédients en plus : curare, ciguë, mort au rat…

Demain, je la renvoie, cette saleté…

Enfin… Peut-être… Après tout… à quoi bon ?

Vincent Corlaix


Jeu n°3 —

Imaginer un animal qui décrit son environnement, en tâchant de ne pas dévoiler de quel animal il s’agit.

Les textes :

Allongé sur le canapé, je travaille dans une heure. En plus, je n’ai pas nourri le chat.

Je regarde la maison, elle est vraiment en bordel. J’ai laissé un carton de pizza par terre. Y’a même une part que je n’ai pas mangée hier sur le sol.

J’ai pas dû nettoyer depuis cinq mois. Je le ferai en rentrant. Bon allez, je sors.

Et voilà, je sors à peine et je vois un kebab à moitié entamé sur le trottoir, les rats et les pigeons se battant pour savoir qui aura le plus gros morceau.

Non, mais je rêve ? Ce type vient de cracher par terre son chewing-gum dégoutant ? Et celui-là vient de jeter sa cigarette sans même l’éteindre.

En y repensant l’être humain… quel animal.

Jérémy O.


Les paupières lourdes de sommeil, j’ouvre un œil, le referme. Il y a trop d’agitations, beaucoup de bruits, cela m’agace au plus haut point. Des voix qui grondent , des voix qui murmurent, de la musique stridente et énervante. De mauvaise humeur, je me lève, m’étire et pars en quête d’un nouvel endroit. La place est chaude, le tissu est doux, l’odeur agréable, j’enfouis ma tête et retombe dans un sommeil profond. Plusieurs heures sont passées, la pénombre, enfin, la nuit sera bientôt là ! L’atmosphère est paisible, ils sont tous partis. J’entends les petits bruits caractéristiques… la chasse est ouverte !

Barbara A.


— Et dis-donc ma jolie, que vas-tu faire aujourd’hui ? ça te dit d’aller balader ? On m’a dit que les buildings là-bas étaient très sympas et qu’il y avait plein de choses à manger.

— Et ben dis-donc, quel panache as-tu aujourd’hui ! Moi qui avais plutôt envie de me prélasser au soleil dans la pelouse et aller piquer des réserves chez les voisins.

— Ne te fais pas prier. On va pouvoir s’amuser à celui qui sautera le plus loin. Allez ma jolie, arrête de te faire dorer les moustaches et viens sous mon aile survoler Manhattan.

Clins d’œil à Sukegawa, Tristan Tzara et Nougaro.

Carine V.


Doit pousser ! Doit pousser !

Huh ! Huh ! Huh !

Roule ! Roule ! Roule ! Gnééééééé, je vais super vite !

Gnééééééééé, vite rajouter sur la boule !

Analyse. Escalader et grimper. Analyser au peigne fin !

Boule parfaite !

Continue de pousser ! Continue de pousser !

Dur. Accumulation de grain. Doit être monté.

Hmmmm… Arrêt ! Lumière, haute, chaud ! Creuser. Que des grains. Attendre grains frais, chaleur tombée. Attendre caché.

Sentir grains chauds. Bonne journée !

Doit pousser, doit pousser boule parfaite !

Roule ! Roule ! Roule ! Toute la journée !

Timothy


Ah ! Cette sieste ! Quel plaisir ! Ce nouveau soleil qui me réchauffe. Je m’étire de plaisir. Mais, bon. Pas trop envie de bouger. Je crois que je vais rester sur mon petit rocher encore un moment. À ne rien faire, que profiter du soleil. Le kiff ! Cette sieste, c’est pas rien.

Bon, il fait faim, quand même. Je ne dirais pas non à un p’tit dej’ au lit, moi. Y’a quoi au menu ? Mais, surtout, y’a quoi à portée ? Pas envie de me bouger pour aller chercher un truc.

Ah ? Ah ! Hop ! Viens là, toi ! Clap. Crunch. Miam ! Bien croquant dehors, bien juteux dedans. Un régal.

Bon, voilà, le programme de la journée est bien entamé. Le soleil est haut, rien de palpitant à l’horizon.

Allez, zou, sieste…

Vincent Corlaix

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