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Séance n°23

Jeu n°1 —

Écrire une histoire ou une description en utilisant le décalage synesthésique.

Les textes :

Je la sens. Je la reconnais. Ses Ailes veloutées ne devraient plus tarder à faire vibrer les échos de mon âme. Elle me caressera tendrement et m’incitera à m’abandonner. Petit à petit, un à un, je délierai leur voix. Un rituel soyeux au cours duquel je laisse volontiers ses larmes et ses murmures guider l’encre sur le papier.

Timothy


Ce que je préfère dans la vie c’est goûter la musique.

Ce moment où vous êtes embaumé dans une tarte au citron meringuée. Les basses sont la mousse. La meringue dessine les notes de guitare. Une coda peut être picorée avec un « celui qui n’a pas de nom » en chocolat, pourquoi pas ?

La musique est ma nourriture. Elle est le piment qui fait lever la mayonnaise du matin. Elle tranche mes pas quotidiens d’odeurs murmurées ou illuminées.

Elle alimente ma vie et la vie me parle en chansons. Les paroles font haleter les rencontres. Les rythmes font respirer les émotions.

C’est ainsi que la vie devient un tintamarre parfumé de couleurs nourricières.

Carine V.


Alors que les musiciens entament la partition, je vois la musique s’écouler dans la salle, tout autour de nous. À nos pieds frissonnants s’accrochent parfois les blanches et les rondes des basses, tandis que pétillent comme des feux-follets les trilles d’or et d’argent des doubles et des triples croches.

Je sens contre ma joue la caresse d’un mouvement, une phrase musicale qui se répète et s’enroule sur elle-même, changeant de teinte à chaque boucle, passant d’abord d’un pourpre sourd à un final de bleu cobalt tonitruant.

L’ensemble finit dans un éclat de notes qui rebondissent contre les murs et pleuvent sur nous en murmures de souvenirs, nous laissant rêveurs, un goût d’inachevé dans les oreilles.

Vincent Corlaix


Jeu n°2 —

« Ce 1er juin dans l’histoire… »

On choisit un événement dans l’histoire s’étant déroulé ce 1er juin sur lequel on écrit une courte histoire.

Les textes :

Kevin regarde son tuteur dont tout le monde félicite la découverte.

« Bravo ! »

« Tu n’es qu’à un pas du prix Nobel de Physique. »

« Chanceux !! »

« Toutes ces années de recherches et d’attente… Félicitations ! »

Mais Kévin, lui, reste stoïque. Bouche bée et les yeux grands ouverts, il n’en croit pas ses oreilles. Ils viennent de qualifier ses flatulences « d’ondes gravitationnelles ».

2018 : annonce de la découverte du signal GW170104 considéré comme une observation d’ondes gravitationnelles.

Timothy


Aujourd’hui, c’est la sortie de mon huitième album. Huit albums ! Vous vous rendez compte ! Et nous sommes toujours là : attendus, mystifiés ! Je ne comprends pas les gens, ce besoin d’aduler un être qu’ils ne connaissent pas. Depuis que j’ai rencontré Yoko, je comprends encore moins.

Quand je vois l’évidence qu’on partage. On s’aime dans notre transparence et notre nudité. Elle connaît chacune de mes fêlures et mes vulnérabilités et elle ne s’en sert jamais. Les autres, ces gens qui crient mon nom ou qui me jettent leur culotte, ne savent même pas à quel point je me bats tous les jours avec les démons de mon passé, ceux que l’abandon de ma mère a créés.

Alors je fais semblant, je plane, je ris et je chante. Je joue. Le jeu de la vie. Et je m’accroche à ce faux désir comme à une bouée, car je ne peux me passer d’être aimé.

1967 : première publication en Grande-Bretagne comme en France etc. du huitième album des Beatles Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.

Carine V.


Les deux scientifiques, enfermés dans leur laboratoire souterrain, étaient en train de célébrer à coup de champagne leur succès : la découverte de deux nouveaux éléments chimiques. Commençant à être passablement éméchés, ils discutaient et riaient fort.

— Et le prochain, tu l’appelles comment, toi ?
— Le, heu… le Marqueritorium, parce que ma maman s’appelle Marguerite.
— Pfff !… Moi, j’l’appellerai le Zeldanium. Parce que mon jeu préféré c’est…
— Non, je sais ! Le prochain, ça sera le Médorium !
— Ton papa s’appelle Médor ?
— Mais non, t’es con. C’est mon chien, Médor. Tiens, remplis-nous les coupes au lieu de dire n’importe quoi.
— Elle est où, la bouteille de champognium ? Ha, voilà…
— Santé ! À notre Nobelium ! Ah, mince, ça existe déjà, non ?
— Drôle de goût, ce champagne, non ?
— Oh, merde ! C’est nos résultats !

À titre posthume, le comité Nobel a remis un prix d’excellence aux deux scientifiques disparus dans un accident de laboratoire, messieurs Flévore et Livremorie.

2012 : l’Union internationale de chimie pure et appliquée (UICPA) approuve le nom de deux éléments chimiques découverts récemment : le flérovium (n° 114) et le livermorium (n° 116).

Vincent Corlaix


Jeu n°3 —

On raconte une histoire inspirée par l’image ci-dessous.

Source : ArchillectSource : Archillect

Les textes :

Lucille est ravie, c’est son premier cas !

Tout le monde parle du Burnout, mais elle, elle veut parler de ce phénomène encore méconnu qui sévit durant le mois de mai. Vous savez, lorsque les pluies incessantes vous empêchent de voir la lumière du jour des semaines durant. Le DrownOut !

Et là assis à côté d’elle, elle le sait, c’est le bon ! Le sujet parfait !

Timothy


Une journaliste interroge un grand météorologue sur l’actualité pluvieuse inhabituelle du moment :

— Comment expliquez-vous cette pluie ininterrompue ?
— Nous n’avons en effet jamais connu cela dans notre région. Les masses chaudes et lourdes venues d’Espagne sont en train de rencontrer les masses froides restantes de l’hiver.
— Combien de temps pensez-vous que durera cet épisode ?
— Au moins 40 jours et 40 nuits. Il faudrait au moins ce temps sacré pour nourrir les terres asséchées de notre contrée.
— Avez-vous une solution pour supporter cette situation ?
— La dépression est devenue généralisée. L’atmosphère est lourde. Les gens sont fatigués et en ont assez. Je préconiserais peut-être le port du scaphandre au quotidien.

Carine V.


Elle souriait, jouait à être détendue, mais le malaise ne pouvait la quitter. L’homme assis en face d’elle l’impressionnait trop.

Il venait à peine de revenir sur Terre, on ne lui avait même pas laissé le temps de retirer son encombrant scaphandre. C’est elle qu’on avait chargée de lui poser les questions de routine. Elle suivait le questionnaire à la lettre ; nom, prénom, date de naissance, cursus scolaire, anniversaires de ses enfants… Et lui, discipliné, se pliait à l’exercice, habitué à ce protocole. Mais, comme tous ses collègues, il ne pouvait s’empêcher de plaisanter et de flirter avec elle.

Lorsqu’elle eut fini, elle quitta la pièce, le laissant seul. Elle alla rejoindre les officiers tassés derrière la vitre sans tain, observant l’astronaute avec attention.

— Alors ? demanda le plus gradé.
— Tout correspond. Aucune erreur, aucun oubli, aucune hésitation. Ses réponses sont parfaitement conformes.
— Bon, grogna le général. Dans ce cas, quelqu’un est-il en mesure de me dire, de celui-ci ou de celui qui est encore en orbite, lequel est le vrai ?

Vincent Corlaix


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