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Séance n°32 – 5 octobre 2023
Écrire un texte en utilisant les synesthésies suivantes :
La lyre de ma peau écaille s’étale.
Au-delà de l’étendue verte de la prairie.
Chaque chose à sa place.
Le banc rugueux siège, seul.
Les fourmis l’emprisonnent, forment une colline.
Seuls la lyre et le banc se toisent de loin, aucun ne se distingue.
L’un couché, caressé par les brins de la prairie, l’autre seul, sur la terre aride.
Ils se complètent dans une symétrie imparfaite.
Des pieds foulent le sentier du milieu, nus, ils s’accrochent à la terre.
Attrape la lyre et s’assoit sur le banc rugueux.
Les doigts caressent l’objet presque papillon.
Tous trois chantent à l’unisson
Face à personne
Face à eux-mêmes
Pour faire face.
Clotilde
J’erre sans but dans les méandres boisés de ma mélancolie, virevoltant mollement dans le labyrinthe de mes pensées en lianes intriquées, en ronces revêches, en boisseaux noirs et humides. La plaine amère de ma tristesse s’étend au-delà des frondaisons, à la fois proche et inaccessible.
Quelque chose me frôle, quelque chose danse avec mon ombre, à l’angle obtus de mon regard, fuyant ma volonté, ne me laissant en main que quelques larmes sèches comme des perles usagées. Le roux, le fauve, l’orange, l’or, autant d’éclairs vivants qui guident mes pas en une symphonie exubérante. Car, enfin, je quitte ces bois grâce à eux.
Vincent Corlaix
Chaque participant pioche trois cartes Dixit au hasard, puis rédige une courte histoire mettant en scène des éléments figurant sur les cartes.
Les talons foulent la terre
Mollets et cuisses tendues. L’eau s’immisce en chaque interstice.
Le t-shirt blanc épouse le ventre, le torse, collé par l’eau et le sang.
La terre du champ s’accroche, se projette sur les mollets nus.
Les joues sont rougies d’effort, fouettées par la chevelure trempée.
A sa main plus que trois doigts, ceux-ci s’enfoncent dans le tissu du t-shirt devenu presque rouge.
Derrière lui brillent seulement les armes dans la pluie. Il glisse s’étale sur la terre.
Reprends son souffle. Arrête tout mouvement. Puis lentement, couvre de boue chaque parcelle de son corps jusqu’à l’engloutissement. Seules les narines dépassent. Le poids de la terre l’apaise. La pluie fine tambourine sur son corps au même rythme que son cœur.
Les pas passent et s’éloignent.
Mais le corps reste. Redevenu état premier, il ne fait plus qu’un.
Cartes tirées par Clotilde
_Clotilde
Le petit Jérémy, l’inventeur prodigue de la machine à concaténer les connaissances, cherchait à pousser son invention dans ses derniers retranchements, voir ce qu’elle était capable d’endurer.
Il partit en expédition au sommet des célèbres monts Gâteaux, ainsi nommés, car, sous une certaine lumière et de loin, ils ressemblaient à des pièces montées. Là vivait une communauté de moines savants, réputés pour leur grande intelligence et leur infinie sagesse.
Une fois arrivé, Jérémy mit en marche son appareil devant le cénacle de vieux sages. La machine ronronna un moment avant de s’emballer, suçant jusqu’à la dernière goutte d’intelligence des moines tel un vampire mécanique. Une fois le dernier neurone aspiré, l’étrange appareil pondit un unique œuf de Pâques avant d’exploser, ne générant chez les vieux moines qu’une absence totale de réaction. Ces derniers m’avaient plus que quelques grammes de jugeote, même pas assez pour parvenir à se mettre un doigt dans la narine sans atteindre l’œil du voisin.
De l’œuf sortit un petit lapinou blanc et fort mignon, qui détala aussitôt après avoir mordu au passage le mollet de Jérémy. Ce dernier tenta de le retrouver en vain durant des semaines avant d’abandonner et passer à son projet suivant.
Le lapinou fut finalement retrouvé des mois plus tard. Appréhendé par la police lors d’une tentative de casse ratée en compagnie de ses complices, un loup hautain et bavard et un cochon qui n’avait rien trouvé de mieux que de manger le plan infaillible du lapinou.
Le petit lapin blanc fut condamné à réciter trente milles nombres premiers dans l’ordre, puis qu’il était si malin que ça.
Cartes tirées par Vincent
Vincent Corlaix
Chaque participant écrit les trois propositions suivantes :
On fait tourner les papiers et chacun doit écrire une histoire avec ce qu’il a reçu.
Donné par Barbara :
Jules Verne,Angleterre Victorienne,Montgolfière
La valise était posée, le smog dispersait la lumière des lampadaires.
Il resta là, longuement, observant chaque détail.
Au loin des allumeurs continuaient leur travail, ouvrant les vannes de gaz des lampadaires. Créant des points jaunes de plus en plus éloignés.
Il entra dans l’appartement et monta à l’étage jusqu’à une chambre de taille moyenne dont seule la bow-window ressortait.
Parfait pour écrire.
Il s’y installa, ne sortait presque pas, même pas pour les repas qui n’étaient pas à son gout.
Un, deux, quatre, six jours passèrent.
Les pages restaient blanches.
Un jour, dans le ciel, il l’a vit. Cette immense boule ronde survolant la ville. Lentement elle montait, descendait, s’éloignait.
Et il sut.
Les pages commencèrent à se noircir.
Clotilde
Donné par Clotilde :
Un surfeur,Les années 80,Une Mazda Miata MX5
L’enquête a piétiné un moment, faute de pistes crédibles. Pourtant, l’affaire semblait simple ; Johnny Cashmemore, 25 ans, surfeur à temps plein et mécano le reste du temps au garage Bob’s Workshop, s’est tué au volant de sa Mazda Miata MX5 lors d’une inexplicable sortie de route.
La clé de l’énigme est venue de l’expert mécanicien dépêché par le bureau du shérif, et qui a examiné l’épave du véhicule. Il n’y a tout d’abord décelé aucune défaillance mécanique. Cependant, il a très rapidement repéré un bricolage –très probablement installé par Johnny lui-même. Après avoir remonté le circuit électrique, l’expert en a conclu que la modification permettait d’actionner l’ouverture et la fermeture des phares, mais ceci de manière individuelle. Le défaut d’éclairage avait provoqué l’accident de Johnny Cashmemore, en lui faisant rater un virage en début de soirée, le soleil étant déjà très bas.
Quel était l’intérêt d’un tel dispositif ? Il est très simple : Johnny pouvait, grâce à lui, lancer des clins d’œil aux filles sur les trottoirs.
Vincent Corlaix
